CHARLES G. FINNEY

Sermon of Finney in French #2 extract

 

"Tenez-vous sur les chemins et regardez, et vous enquérez touchant les sentiers des siècles passés, quel est le bon chemin, et marchez-y, et vous trouverez le repos de vos âmes." Jér.6;16, version Martin
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Election et prédestination

extrait du 12e discours

sur le réveil

par Charles Grandison Finney

Supposons que vous vous trouviez sur la berge près de la chute du Niagara. Vous voyez un homme perdu dans une profonde rêverie s'approchant du bord sans avoir conscience du danger. li s'approche toujours plus, toujours plus. Il lève déjà le pied pour faire le dernier pas qui le précipitera dans le gouffre. A ce moment terrible, vous lui criez d'une voix qui surmonte le mugissement des ondes écumantes : "Arrêtez !" Cette parole parvient à ses oreilles et rompt le charme qui le tenait lié ; il recule à l'instant, pâle, éperdu et se retire tremblant des bords du précipice qui allait devenir son tombeau; il chancelle, sa terreur est si grande qu'il est sur le point de tomber évanoui. Il se retourne et se dirige lentement vers son hôtel. Vous le suivez ; l'agitation peinte sur son visage attroupe les gens autour de lui. Vous l'abordez: il vous montre à ceux qui l'entourent, en disant : " Cet homme-là m'a sauvé la vie." Ici, il vous attribue son salut, certainement dans un sens, c'est à vous qu'il le doit. Quand on le questionne à nouveau, il répète:

"Arrêtez !" Comme ce mot retentit à mes oreilles. Oh ! ça a été pour moi une parole de vie ! " Maintenant, il attribue son salut à la parole qui l'a réveillé, et l'a fait revenir sur ses pas. Il dit encore:

"Si je ne m'étais pas retourné à l'instant, j'étais un homme mort., Il en parle ici comme d'un acte de sa propre volonté, et il a raison. Mais aussitôt après vous l'entendez ajouter: " Oh ! quelle grâce de Dieu! Sans Sa miraculeuse intervention, j'étais perdu ! " Le seul trait qui ne soit pas entièrement juste dans cette comparaison, c'est que l'intervention de Dieu n'était que providentielle. Ce n'est que dans ce sens que cet homme pouvait attribuer son salut â Dieu, tandis que, dans la conversion des pécheurs, il y a plus que la Providence de Dieu ; celle-ci non seulement conduit le prédicateur à crier : " Arrêtez ! ", mais l'Esprit de Dieu Lui-même les étreint, par la vérité, avec une si grande puissance qu'il les pousse à se convertir.

Non seulement le prédicateur crie : " Arrêtez ! " mais l'Esprit aussi, parlant par sa bouche, crie : " Arrêtez ! " Le prédicateur s'écrie "Retournez-vous, pourquoi voudriez-vous mourir? " L'Esprit rend cette exhortation si pénétrante que le pécheur se retourne. Donc, en parlant du changement qui s'est opéré en lui, il est parfaitement juste de dire que c'est l'Esprit qui l'a converti, comme vous diriez d'un homme qui aurait fait changer d'opinion à son ami au sujet de la politique : " Il l'a converti. " Il est également exact de dire que c'est la vérité qui a con-verti le pécheur, de même que, dans le cas où les idées politiques d'un homme ont été changées par tel ou tel argument, nous attribuerions ce changement à l'argument. De même aussi nous pouvons parfaitemênt attribuer le changement du coeur â celui qui en a présenté les motifs, comme nous disons d'un avocat: " Il a gagné sa cause, il a converti le jury. " C'est aussi juste d'attribuer la conversion à l'individu lui-même: il s'est repenti ; il a changé de direction. C'est vrai, au sens le plus élevé et le plus absolu, que cet acte lui est propre ; tandis que Dieu, au moyen de la vérité, l'a sollicité de se convertir. Cependant c'est strictement vrai qu'il s'est retourné et qu'il l'a fait lui-même. Vous voyez donc dans quel sens c'est l'oeuvre de Dieu et dans quel sens c'est l'oeuvre dé l'homme.

L'Esprit de Dieu, au moyen de la vérité, pousse le pécheur à se convertir; dans ce sens, Il est la cause efficiente de la conversion. Mais le pécheur se convertit effectivement, et, dans ce sens, il en est l'auteur. Plusieurs personnes, en lisant leur Bible, arrêtent leurs yeux sur les passages où cette oeuvre est attribuée à l'Esprit de Dieu et paraissent négliger ceux qui l'attribuent â l'homme, et ceux qui en parlent comme étant l'acte du pécheur lui-même. Quand elles ont cité l'Ecriture pour montrer que la conversion est l'oeuvre de Dieu, elles croient avoir prouvé que c'est une oeuvre dans laquelle l'homme est passif.

Dans un traité intitulé : " La régénération, effet de la puissance divine ", l'auteur démontre que cette oeuvre est accomplie par l'Esprit de Dieu, et en reste là. Or, il aurait été aussi vrai, aussi philosophique et aussi scripturaire, de dire que la conversion est l'oeuvre de l'homme. L'auteur n'a donc montré que la moitié de la vérité ; le titre de son traité est une pierre d'achoppement. Il dit la vérité mais non toute la vérité. Un traité pourrait être écrit sous ce titre : "la conversion, ou régénération, oeuvre de l'homme. " Ce serait tout aussi juste, tout aussi scripturaire et philosophique que le premier. Ainsi l'auteur, dans son zèle pour reconnaître et honorer Dieu comme agent de la transformation, laisse de côté le fait qu'un changement de coeur est l'oeuvre du pécheur lui-même; il laisse le pécheur fortement retranché dans son ignorance coupable, les armes de la rébellion dans la main, résistant hardiment aux sommations de son Maître, et attendant passivement que Dieu crée en lui un coeur nouveau. Vous voyez la liaison qu'il y a entre ce que demande notre texte et le fait évident que c'est Dieu qui renouvelle le coeur. Dieu vous commande de vous faire un coeur nouveau, il attend que vous le fassiez vous-même. Pécheur, laisse-moi te dire que, si tu refuses de le faire, tu iras en enfer, et que, durant toute l'éternité, tu sentiras que tu as mérité ton châtiment pour avoir négligé ce devoir.

Il faut prêcher avec un tel équilibre que ce soit l'Evangile tout entier qui soit présenté à l'esprit des auditeurs et puisse exercer son itt-fluence sur eux. Si l'on appuie trop sur certaines vérités, le caractère chrétien n'aura pas son juste équilibre. Sa symétrie ne sera pas parfaite. Si l'on s'arrête presque exclusivement sur les vérités qui exigent un grand effort d'intelligence, sans toucher le coeur et la conscience, il arrivera que l'Eglise sera endoctrinée dans ces vues, mais ne s'éveillera pas, n'agira pas et ne réussira pas à produire un réveil. Si, d'autre part, la prédication est décousue, peu précise, essentiellement exhortative et chaleureuse, l'Eglise deviendra semblable à un vaisseau qui a plus de voile que son lest ne le permet. Elle sera en danger de se voir balayée par une tempête de sentiments, si elle n'a pas la connaissance suffi-sante pour éviter d'être entraînée à tout vent de doctrine. Si l'élection et la souveraineté de Dieu sont trop exclusivement annoncées, l'Anti-nomianisme se glissera dans l'Eglise et les pécheurs se retrancheront derrière leur soi-disante incapacité. Si, par contre, on appuie trop sur la capacité et l'obligation des hommes, l'Arminianisme fera invasion, et les pécheurs tomberont dans l'orgueil et dans la propre justice.

Lorsque j'entrai dans le saint ministère, on avait tant parlé d'élection et de souveraineté de Dieu, que je trouvai ces deux vérités servant de refuge aux pécheurs et aux chrétiens qui, sous prétexte d'incapacité, testaient dans l'inaction et n'obéissaient pas à I'Evangile. Partout, j'ai dû constater qu'il était indispensable de détruire ces refuges de men-songe. Un réveil ne pouvait aucunement être produit, ni maintenu, sans insister sur l'ensemble des vérités qui déclarent que l'homme est capable d'obéissance, qu'il est tenu d'obéir, et qu'il est responsable de sa désobéissance.

Il n'en était pas ainsi aux jours où le Président Edwards et Whitefield se livraient à leurs immenses travaux. A ce moment-là les Eglises étaient plongées dans l'Arminianisme et se reposaient toutes sur leurs propres forces. Ces serviteurs fidèles et courageux proclamèrent hau-tement les doctrines de la grâce, de l'élection et de la souveraineté de Dieu, s'appuyant sur elles avec beaucoup de fermeté et de persévérance, sans cependant les prêcher à l'exclusion des autres. Mais parce que, dans ces circonstances, ces prédications avaient amené le réveil, les pasteurs qui leur succédèrent continuèrent à prêcher exclusivement les mêmes doctrines. Ils le firent pendant si longtemps, que l'Eglise et le monde s'en servirent pour se mettre à l'abri, et attendre que Dieu vînt faire Lui-même ce qu'il demandait qu' eux fissent. C'est ainsi qu'il n'y eut plus de réveils pendant bien des années.

Maintenant, et déjà depuis quelques temps, les pasteurs se sont appliqués à détruire ces refuges. Mais que les pasteurs d'aujourd'hui prennent bien garde que, s'ils insistent exclusivement sur la liberté de l'homme et sur sa responsabilité, les pécheurs tomberont dans le piège contraire, ce qui sera de nouveau un obstacle au réveil. La prédication de certaines vérités doit toujours être accompagnée d'autres vérités qui, faisant contrepoids, maintiennent les âmes dans l'équilibre. .

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